L’édition 2023 de l’étude annuelle State of the Global Workplace de Gallup révèle que les salariés européens souffrent d’un réel désengagement malgré un climat d’emploi plutôt favorable. Les chiffres offrent une explication à la tendance de fond de la démission silencieuse, s’élevant aujourd’hui à 72 %.

 

Si les Français remontent d’une place dans le classement européen de l’engagement au travail, à la 36e place sur 38, loin derrière les Allemands (à la 23eme place) et suivis par les Italiens (à la 37eme place), les entreprises peinent toujours à recruter et à fidéliser leurs collaborateurs, ces derniers se révélant de plus en plus exigeants.

En effet, l’étude de Gallup révèle que 72% des Européens ne sont pas engagés au travail, et que 15% sont même activement désengagés : ils n’éprouvent pas d’enthousiasme, sont globalement insatisfaits et ne partagent pas les accomplissements de leurs collègues. Il n’est donc pas étonnant que le quiet quitting, ou la démission silencieuse, soit si présente sur le continent, signal fort d’une démotivation mondiale, d’une lassitude affichée et d’un management qui doit évoluer pour répondre aux nouveaux besoins des collaborateurs.

Gallup estime que le faible engagement des salariés coûte 8,8 milliards de dollars à l’économie mondiale. Pour pallier cela, les entreprises se doivent de repenser leur modèle organisationnel. Et pour cause, ce changement est d’ores et déjà en cours : en Europe, un tiers des employés travaille de manière hybride (en distanciel et en présentiel), contre 16% d’employés travaillant exclusivement en distanciel, et 50% exclusivement en présentiel.

Malgré ces adaptations, les professionnels exclusivement en distanciel sont ceux qui éprouvent le plus de colère. Ils sont 21% à éprouver de la colère au quotidien, contre 13% pour les employés en présentiel comme pour ceux en hybride, dépassant de 8% la moyenne européenne, rejoignant ainsi la moyenne mondiale. Avec l’hybridation des modes de travail, les équipes managériales ont d’autant plus leur rôle à jouer. Les managers sont garants de l’engagement de leur équipe : 70% de l’engagement de l’équipe est attribuable au manager. Pourtant, beaucoup d’entre eux font partie des démissionnaires silencieux.

Un climat de l’emploi pourtant favorable

Si les quiet quitters sont plus nombreux en Europe (72%) que dans le reste du monde (59%), les loud quitters sont, quant à eux, moins nombreux (15%) qu’ailleurs (18%). Seuls 35% des salariés français estiment que la conjoncture actuelle est favorable à trouver un emploi, contre 56% des Européens, faisant écho à la proportion d’Européens prêts à changer de poste (34%). La tendance en France est donc de réaliser ni plus ni moins dans son travail, sans pour autant perdre la stabilité d’un emploi en CDI en repassant par une période d’essai dans une autre entreprise.

Plus que cela, une récente analyse de Gallup a révélé que les employés engagés demandent en moyenne une augmentation de salaire de 31% dans l’optique d’accepter une offre au sein d’une autre organisation. Les employés non engagés, tout comme ceux activement désengagés, souhaitent quant à eux une augmentation de salaire d’en moyenne 22 % pour changer d’emploi. Étant donné la situation économique actuelle et le taux de quiet quitters, il n’est pas étonnant de voir que l’Europe se trouve en avant-dernière position dans le classement répertoriant les pourcentages régionaux de salariés en veille ou en recherche active d’un nouvel emploi.

Le défi de la (re)motivation des salariés français

85% des répondants sur le point de démissionner pointent du doigt un manque d’engagement, de rémunération, d’avantages sociaux ou de bien-être, comme l’équilibre vie professionnelle et vie privée, devenu essentiel. « Le Covid a été un véritable catalyseur, qui a permis d’entamer une révolution dans le monde du travail et de l’entreprise. Si autrefois il n’était pas rare de faire carrière au sein d’une seule et même organisation, il est aujourd’hui de plus en plus difficile de retenir les talents. Les organisations ne doivent pas avoir peur du changement mais plutôt engager la discussion et s’adapter aux besoins des collaborateurs avant de faire face à des problèmes de recrutement sur le long terme pouvant négativement impacter les résultats financiers. » déclare Olivier Grau, Consultant senior chez Gallup